L’antenne
LOG-périodique, en anglais LOG-periodic
ou
LPDA (Log Periodic Dipol Array)
Savoir en calculer les dimensions
Cette
antenne directive multi-bandes est décrite en détails dans l’ARRL Antenna Book
auquel se réfèrent nos excellents auteurs Français. (Brault et Piat ainsi que
André Ducros). Il est intéressant de lire l’interprétation qu’en on fait ces
radioamateurs, car cette antenne mythique (Le logarithme en
mathématique, les aimants en physique et les acides en chimie - la pensée,
l’amour, la mort - constituent la Mystérieuse Trinité des fantasmes
scientifiques!) est une antenne de parti pris. Je veux dire que sa conception
est soumise à tellement de paramètres interdépendants qu’il faudra bien décider
lequel on privilégie : rapport des fréquences extrêmes, gain, taille etc.
Le principe général du calcul
Cette antenne est constituée par d’une succession de
dipôles (Dipol Array) dont la taille et l’espacement varient selon une progression
géométrique (Log Periodic) dont chacune des « branches » est
alimentée en opposition de phase. Le propos est aride mais le schéma ci-contre
l’explique aisément.
Le
dipôle le plus long correspond à une fréquence inférieure ou égale à la
fréquence la plus basse désirée et le dipôle le plus court à une fréquence supérieure
ou égale à la fréquence la plus haute souhaitée.
Progression arithmétique et progression géométrique
Des nombres
sont en progression arithmétique lorsqu’on obtient le nombre suivant en ajoutant
toujours le même nombre au nombre précédent.
Exemple en ajoutant
+2 : 5. - 7 - 9 - 11 - 13 -
15 - 17 etc.
Bien entendu on peut ajouter des
nombres négatifs, ce qui revient à soustraire.
Des nombres
sont en progression géométrique lorsqu’on obtient le nombre suivant en multipliant
le précédent toujours par le même nombre.
Exemple en multipliant par
2 : 5 – 10 – 20 – 40 – 80 – 160
etc.
On peut multiplier par un nombre
fractionnaire, ce qui revient à diviser.
La
longueur des dipôles de la LOG-Périodique ainsi que leurs espacements sont en
progression géométrique.
Il
semble alors aisé de calculer la longueur et l’espacement des dipôles en
partant de la longueur du plus court et en multipliant toujours par le
même nombre. La longueur du premier dipôle est déterminée par la fréquence la
plus haute, mais comment déterminer le
multiplicateur ? Tout le problème du calcul des éléments de
cette antenne est résumé par cette question fondamentale.
- Connaissant la longueur du plus court dipôle et celle du plus long, combien d’éléments intermédiaires doit-on placer ?
- Lorsqu’on a décidé du nombre d’éléments à placer comment déterminer le multiplicateur appelé « raison » de la progression ?
De la première
réponse dépend le gain de l’antenne mais aussi sa longueur totale.
En fait on a le choix en restant dans des proportions raisonnables.
Il est bien plus difficile de répondre à la
seconde. Par exemple nous avons décidé qu’il y aurait 4 éléments
intermédiaires, ce qui donne 6 éléments en tout. Décidons également que nous
voulons couvrir la gamme de fréquences de 14 à 29,7 MHz, soit un rapport Fmax/Fmin
égal à 2,12 fois. Quel est le multiplicateur qui partant de 5,05m nous conduira
à 10,71m ?
S’il s’agissait d’une progression arithmétique ce
serait très facile : pour passer de 5,05 à 10,71 il faut ajouter 5,66.
Sachant qu’il y a 6 éléments et donc qu’on a ajouté 5 fois le nombre, cela veut
dire qu’à chaque fois nous avons ajouté 5,66/5 = 1,132. La « raison »
de notre progression arithmétique serait 1,132. Oui, mais hélas il s’agit d’une
progression GEOMETRIQUE !
C’est là
qu’intervient le logarithme. Il permet d’effectuer des calculs en
remplaçant les multiplications par des additions ! Reprenons notre
raisonnement :
Ä
Divisons-le par 5, comme dans le cas précédent.
Cela donne : 0,065
Ä
Ce nombre n’est pas le multiplicateur attendu,
mais le LOGARITHME de ce nombre.
Ä
Comme nous avons utilisé les LOG à base 10 le
multiplicateur sera égal à 10 0,065. Sur la plupart des calculettes
il suffira de taper [Shift] [log]. Si on avait utilisé les logarithmes
Népériens notés [ln], on utiliserait [exp] l’exponentielle, qui s’obtient
généralement en tapant sur les touches [Shift][ln], cette fois. Cela nous donne
dans les 2 cas: 1,162.
Ä
C’est le nombre que nous cherchons, mais… comme
la plupart des auteurs préfèrent partir du plus grand élément et en divisant,
il faudra prendre 1/1,162 soit 0,86
Vérifions notre résultat :
1.
10,71 x 0,86 = 9,21
2.
9,21
x 0,86 = 7,92
3.
7,92 x 0,86 = 6,81
4.
6,81 x 0,86 = 5,85
5.
5,85 x 0,86 = 5,03
Nous cherchions 5,05 : la
précision est bonne !
Voici donc la démarche générale à
suivre :
- Calculer le rapport entre l’élément le plus court et l’élément le plus long : Court / Long = R
- Chercher le log de ce nombre : logR
- Diviser par le nombre d’éléments moins 1(Le nombre d’intervalles) : logR / Nel – 1 = exp
- Chercher 10exp (Shift log) = C’est le nombre recherché appelé généralement t , la lettre grecque « tau ».
Pour vérifier, tapez sur la
calculette :
[5][.][0][5] [÷] [1][0][.][7][1]
[=][log] [÷] [5] [=][shift] [log]
Si vous ne trouvez pas 0.86, c’est que vous vous êtres
trompé !
De la théorie à la pratique
Et les intervalles entre les
dipôles ? Ils sont eux aussi en progression géométrique, avec la même
raison t, mais il est commode de les calculer en fonction de
l’élément qui les précède, en utilisant la formule :
Dn = En * 2s
Dans cette formule
Dn = longueur de l’intervalle de rang n
En = longueur de l’élément de rang n
s = « sigma » est un coefficient
calculé avec la formule suivante (ARRL Antenna Book):
s =
0,243 t - 0,051
Dans notre exemple, s est égal = 0,157
et 2 x s = 0.315
Cette façon de calculer s permet de trouver
sa valeur optimum. Si l’on trouve que l’antenne est trop longue, il est
possible de changer sa valeur. Cela aura pour conséquence de diminuer le gain.
Voici ce que pourraient être les dimensions de notre
antenne :
N° d’ordre |
Longueur des éléments
|
Taille des intervalles
|
1
|
10.71
|
3,37
|
2
|
9.21
|
2,90
|
3
|
7.92
|
2,49
|
4
|
6.81
|
2,14
|
5
|
5.85
|
1,84
|
6
|
5.03
|
|
Longueur du boom |
…………………………………………………
|
12,74 + extrémités
|
La
notion de cellule active :
La
LOG-périodique fonctionne comme la YAGI en utilisant les propriétés des
éléments parasites, réflecteur et directeurs. Or, si l’on calcule les éléments
de l’antenne en prenant comme fréquences extrêmes les valeurs exactes
recherchées, le dipôle fonctionnant sur la fréquence la plus basse n’aura pas
de réflecteur et celui qui fonctionne sur la fréquence la plus élevée n’aura
pas de directeur. Les éléments qui résonnent sur une longueur d’onde trop
grande ou trop petite n’ont aucune influence sur le gain de l’antenne. La cellule
active ou région active de l’antenne LOG-périodique est donc
composée par les seuls éléments qui rayonnent de façon utile à la fréquence
donnée.
En
ce qui concerne la fréquence la plus basse, tous les auteurs préconisent de
faire le calcul en partant d’une fréquence plus basse pour avoir un réflecteur.
En
ce qui concerne la fréquence la plus haute il y a une apparente divergence de
vues entre l’ARRL qui déclare qu’il est inutile de donner pour fréquence la
plus haute une fréquence supérieure et les auteurs français qui préconisent
d’en donner une qui aboutirait à un raccourcissement de 38% (par rapport à la
longueur du dipôle rayonnant sur la fréquence haute) pour l’élément le plus
court, ce qui n’est pas rien ! Or, lorsqu’on effectue le calcul préconisé
par l’ARRL on obtient un résultat tel que la fréquence la plus haute envisagée
aura le même gain que les autres, ce qui implique la présence de directeurs en
surnombre. En conclusion le résultat est le même seule la méthode de calcul
est différente.
En
conclusion : si l’on veut que le gain de l’antenne soit identique pour
toute la bande de fréquences utiles, il faudra donner une fréquence de départ
plus basse et une fréquence terminale plus haute.
Méthode
de calcul de l’ARRL
Choix
du gain de s et de t
Dans le calcul précédent nous avons choisi le nombre
d’éléments de façon arbitraire. On peut également choisir le coefficient t directement
lié au gain de l’antenne.
Voici quelques valeurs caractéristiques :
Valeur de t
|
Gain obtenu
|
Valeur de s
|
0,75
|
5,25
|
0,131
|
0,79
|
6
|
0,140
|
0,85
|
7
|
0,155
|
0,90
|
8
|
0,168
|
0,95
|
9
|
0,180
|
0,98
|
10
|
0,187
|
Il est bien entendu possible de prendre les
valeurs intermédiaires. Prenons un t de 0,85 pour un gain de 7
environ. Le coefficient s aura donc comme valeur :
(0,243x0,85 ) – 0,051 soit 0,155 (2x s
= 0,31)
Choix des fréquences extrêmes
Prenons arbitrairement de 18,060 MHz à 29,7 MHz.
La plus longue longueur d’onde Lmax
sera : 300 /18,060 = 16,61m et donc le plus grand dipôle Dmax=8,30m.
Le rapport des
fréquence R sera : 29,7/18,06 = 1,6445
1° Calcul de cotangente a (angle formé par l’extrémité des dipôles) :
Cot a = 4xs / 1 – t
Cot a = 4x0,155 / 1-0,85 = 4,133
2°
Calcul de la bande passante de la région active Bar
Bar
= 1,1+7,7x(1-t)2xcot a
Bar = 1,1 + (7,7x0,0225 x 4,133) = 1,816
3°
Calcul de la bande passante de la structure Bs
Bs = R x Bar
Bs = 1,6445
x 1,816 = 2,986
4° Calcul de la longueur
du boom L
L = [1/4
x (1 – 1/Bs) x cot a)] x Lmax
L = (0,25 x 0,665 x 4,133) x 16,61 = 0,687 x
16,61 = 11,41m
5°
Calcul du nombre d’éléments N
N = 1 + log Bs/log(1/t)
N = 1 + 0,475/0,070 =
7,78 soit 7 ou 8 éléments
6° Calcul des longueurs
des dipôles
En = En-1 x
t
E1 = 8,305 m
E2 = 7,059m
E3 = 6 m
E4 = 5,10 m
E5 = 4,335 m
E6 = 3,685 m
E7 = 3,132 m
E8 = 2,662 m
7°
Calcul des intervalles
Dn = En *
2s
D1 = 2,575m
D2= 2,188m
D3 = 1,86m
D4 = 1,581m
D5 = 1,344m
D6 = 1,142m
D7 = 0,97m
Le calcul des éléments
de l’antenne est terminé. Le voici résumé dans un tableau :
Dipôle
|
Intervalle avec le suivant
|
8,305 m
|
2,575 m
|
7,059 m
|
2,188 m
|
6 m
|
1,86 m
|
5,10 m
|
1,581 m
|
4,335 m
|
1,344 m
|
3,685 m
|
1,142 m
|
3,132 m
|
0,97 m
|
2,662 m
|
Vérification : André DUCROS (F5AD) propose dans
son ouvrage une abaque de raccourcissement qui indique 0,54 comme coefficient
en fonction de t
= 085.
Longueur du dipôle à 27,9 MHz : 150/29,7 =
5,050m.
Multiplié par 0,54 cela donne 2,72m, ce qui est
conforme au calcul ARRL aux erreurs de calcul et de lecture sur les abaques
près.
Brault et Piat proposent un raccourcissement de 38%.
Cela conduit à un dernier dipôle de 3.13m, exactement la longueur de
l’avant-dernier dipôle « ARRL ».
Nous pouvons en
conclure que quelque soit la méthode de calcul les résultats sont très
sensiblement les mêmes.
L’alimentation de la LOG-périodique
Symétrisation : Cette antenne doit être
alimentée par une ligne symétrique. La présence d’un symétriseur sera
indispensable, quel qu’en soit son type.
Impédance et disposition pratique: Il nous
faudra distinguer deux cas : les antennes destinées aux bandes HF et les
antennes THF, mais dans tous les cas c’est le plus petit dipôle qui sera
alimenté le premier.
Dans le premier cas (HF) les dipôles seront
réalisés soit en fils soit en tubes d’aluminium, isolés entre eux et isolés du
boom qui les supporte. La ligne d’alimentation sera une ligne bifilaire. Il est
possible d’utiliser deux fils parallèles et d’alimenter les dipôles avec des
fils se connectant tantôt sur un fil tantôt sur l’autre. Il est également
envisageable que la ligne d’alimentation aille d’un dipôle à l’autre, prenant
la forme d’une succession de losanges. (Attention aux croisements…).
L’impédance de cette ligne aura de 200 à 300 ohms, ce qui implique un
« BALUN » de 1 :4 ou 1 :6. Comme l’impédance de l’antenne
varie en fonction de la fréquence, il sera dans tous les cas nécessaire
d’utiliser une boîte d’accord.
En ce qui concerne les THF, il est conseillé
d’utiliser le système des 2 boom superposés, qui servent de lignes
d’alimentation. Chacun des booms est donc directement relié à une série de
dipôles et c’est l’écartement des booms qui détermine l’impédance de l’antenne.
Pour obtenir une impédance égale à 50 Ohms environ il est recommandé d’écarter
les booms d’une valeur égale à 20% du côté de leur section. Par exemple si l’on
utilise du carré de 20x20 mm, il faudra les écarter de 5 mm.
La symétrisation s’effectue en glissant le coaxial à
l’intérieur du boom inférieur par l’arrière, puis en connectant la tresse à
l’autre extrémité de cet élément puis l’âme du coaxial au boom supérieur, bien
entendu.
Quelle antenne construire
Tout
dépend de ce que l’on veut !
Ä Si
l’on veut une antenne pas trop grande quitte à perdre du gain aux fréquences
extrêmes, il faut utiliser le calcul simplifié du début en donnant le nombre
d’éléments que l’on compte avoir.
Ä Si
l’on veut une antenne performante et si l’on a de la place, il faut sans
hésiter utiliser le calcul de l’ ARRL, même s’il est compliqué. Si l’antenne
est vraiment trop grande, on peu reprendre le calcul en diminuant le gain (t plus modeste) ou en réduisant le
facteur s.
Conclusion
De nombreux ouvrages ou
articles décrivent la réalisation mécanique de ce type d’antennes. Nous n’y
reviendrons pas, notre propos se limitant au calcul des dimensions d’une
antenne personnalisée. J’ai pu constater que certaines descriptions proposent
des LOG-périodiques vraiment bizarres, avec des éléments ayant tous le même
écartement, résonnant sur des fréquences plus basses que laisserait supposer la
longueur de l’élément le plus long etc. Comme je n’ai aucune raison de mettre
en doute la parole des auteurs, cela laisse à penser que cette antenne est
vraiment « bonne fille » HI ! Les renseignements contenus dans
cet article sont tous issus pour l’essentiel de l ‘ARRL Antenna Book. Cet
ouvrage est généralement considéré comme une référence.
J'ai oublié de vous dire que j'ai écrit d'autres articles et que vous pourrez les mettre sur votre site si vous voulez, il suffira de me le dire. Je joins un exemple pas très volumineux car il n'y a pas de photos.
RépondreSupprimer73 QRO de Alain F5RUJ